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Actualités 07/07/2010

La saisonnalité des naissances en France s'efface


[APM] La saisonnalité des naissances en France s'efface progressivement depuis 1975, laissant seulement un pic de natalité autour du 24-25 septembre, lié aux conceptions du jour de l'An, selon deux études de l'Institut national d'études démographiques (Ined) présentées mercredi à Paris lors d'une conférence de presse.

L'augmentation croissante de l'âge à la maternité, qui entraînerait un allongement du délai (et une plus grande variabilité) entre l'arrêt de la contraception et le début de la grossesse, serait l'unique explication plausible à l'effacement du pic printanier auparavant observé.

En 1975, les indices de répartition des naissances formaient un pic au printemps, avec un déficit en automne-hiver. Par la suite, le pic du printemps s'est déplacé à la fin du mois de juillet puis à l'automne, pour ne laisser en 2005 qu'un pic fin septembre.

"C'est extrêmement compliqué à expliquer", a commenté l'auteur de l'étude, Arnaud Régnier-Loilier, chercheur à l'Ined. "Il y a des hypothèses mais comme nous ne sommes pas sûrs des explications du passé, c'est difficile de comprendre l'évolution".

L'hypothèse de l'impact de la saisonnalité des mariages dans les années 1970-1980 sur le pic de printemps est ainsi appuyée par le fait que les naissances légitimes étaient plus marquées en mai que les naissances hors mariage. Mais elle est fragilisée par l'analyse par rang de naissance. Celle-ci montre que la saisonnalité était plus marquée pour les deuxièmes enfants, alors "qu'il n'y a pas de raison que le deuxième enfant soit lié à la date du mariage", estime le chercheur.

L'hypothèse de la programmation des naissances est quant à elle fragilisée par le fait que les préférences n'ont probablement pas évolué et qu'il n'y a pas de raison que le comportement de planification ait changé.

De la même façon, si l'instauration des congés payés a pu faire apparaître un pic au printemps dans les années 1970, il n'y a pas de raison que cette influence ait disparu, les départs en vacances étant toujours aussi concentrés sur juillet et août. De plus, aujourd'hui, l'arrêt de la contraception est plus fréquent en été.

La seule explication plausible à l'effacement du pic printanier serait ainsi plutôt la baisse de la fertilité avec l'augmentation croissante de l'âge à la maternité, qui entraînerait un allongement du délai (et une plus grande variabilité) entre l'arrêt de la contraception et le début de la grossesse.

Seul fait invariant: le pic de natalité du 24-25 septembre qui rend compte d'un pic de conception le soir du Nouvel An, un phénomène rencontré dans d'autres pays d'Europe. Ce pic de conception serait lié soit à davantage d'accidents de contraception -hypothèse corroborée par le pic d'IVG- soit à davantage de rapports ce soir-là.

Par ailleurs, quelques creux ponctuels sont liés à des événements spécifiques, souligne Arnaud Régnier-Loilier. Le déficit de naissances de 1975 pourrait ainsi s'expliquer par un effet d'appel de la loi Veil tandis que des déficits ponctuels en 1977, 1984 et 2004 suivent précisément les épisodes de canicule de fin juin 1976, juillet 1983 et août 2003.

"C'est un effet systématique des épisodes de canicule qui est de courte durée et suivi d'un phénomène de rattrapage", précise le chercheur. Il peut s'expliquer de deux manières: soit la canicule entraîne une baisse de la fertilité, soit une baisse des rapports.

Concernant la répartition des naissances selon les jours de la semaine, entre 1975 et 1985, le déficit des naissances le samedi et le dimanche (et les jours fériés) s'était creusé, probablement du fait de déclenchements plus fréquents, liés soit à l'organisation des maternités soit aux accouchements à risque plus volontiers déclenchés. La tendance s'est poursuivie jusqu'en 1995.

Mais depuis, les écarts se réduisent, sans doute du fait d'un moindre recours aux accouchements déclenchés. "C'est à la fois le souhait d'un retour à la nature des parents, qui vont opter pour une maternité qui ne fait pas de déclenchements à outrance, et du corps médical lui-même qui s'est interrogé sur ce choix du déclenchement", explique l'auteur.

Un couple sur sept planifie

Dans une autre étude qui ciblait davantage la planification des naissances, le chercheur rend compte d'un désir de planification chez 15% des couples, ce qu'il estime non négligeable.

Les couples ayant arrêté leur contraception en vue de planifier la naissance à une saison donnée l'ont fait pour une naissance au printemps dans 43% des cas, 29% ont arrêté la contraception pour obtenir une naissance en été, 16% en hiver et 12% à l'automne.

Étant donné le lissage des naissances sur l'année, cette planification semble échouer. Néanmoins, le chercheur montre, grâce à l'exemple des institutrices, qu'elle est possible.

Il a ainsi vérifié l'existence de nombreuses naissances au printemps et moins en juillet-août chez les institutrices.

La répartition des naissances pour les autres professions maternelles apparaît moins saisonnière, mais Arnaud Régnier-Loilier a souligné que les autres professions considérées (employées de la fonction publique, professions médico-sociales, ingénieures) représentaient des catégories beaucoup moins homogènes. "Quand on considère les enseignants dans leur ensemble, la saisonnalité est moins marquée", a-t-il par ailleurs précisé.

arg/cd/APM
redaction@apmnews.com

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PARIS, 7 juillet 2010 (APM)

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