La fourniture de blouses aux professionnels de santé constitue un pôle de dépenses important pour les établissements car difficilement compressible. Ajoutons que les nouvelles réglementations en matière d'hygiène notamment mènent la danse. [...] Le choix des blouses n'est toutefois pas à négliger, et se révèle même stratégique.

Blouses et représentations

La sagesse populaire a parfois tort, l'habit fait le moine. L'image véhiculée par les blouses des professionnels du monde sanitaire mais aussi médico-social le prouve. En EHPAD par exemple, "les représentations du public sont le plus souvent négatives et renvoient aux peurs de chacun liées à la vieillesse, au handicap et à la dépendance, à la perte des capacités intellectuelles et à la mort", relève l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM) dans le premier volet de ses recommandations sur la qualité de vie en EHPAD. Dans ce contexte, l'agence souligne que le port de la blouse blanche par tous les professionnels au contact direct des résidents rappelle l'image hospitalière et donc la maladie et le soin.
A contrario, les logisticiens du CHU de Dijon dans le cadre du programme de reconnaissance des salariés de l'établissement nominé aux Espoirs du Management 2012 ont revendiqué le port de la blouse blanche. Le changement de tenue aurait permis aux agents concernés de mieux travailler. Les logisticiens du nouvel l'hôpital Bocage Centre ont en effet troqué leurs blouses bleues pour des blouses blanches. En bleu, "nous avions l'impression que les gens nous disaient moins bonjour", témoigne une logisticienne pour les unités de soins, dans une vidéo des Espoirs du Management 2012, postée sur le site YouTube. Elle souligne aussi dans son intervention que la couleur bleue est associée au travail de manutention en entrepôt et non au transport de médicaments dans les services. L'opération de changement de blouse n'a toutefois pas été étendue à d'autres corps professionnels ou d'autres établissements du CHU, a confirmé à Hospimedia, une porte-parole de l'établissement.

Et les patients...

Derrière les blouses, se cachent donc des enjeux de reconnaissance mais aussi de respect. En ce qui concerne ce dernier aspect, il y a plus d'un an un certain Farfadoc, médecin de famille, dénonçait sur son blog comme une atteinte à la pudeur l'utilisation à l'hôpital de chemises chirurgicales entièrement ouvertes dans le dos. Une pétition avait alors demandé aux directeurs d'établissements hospitaliers de "prendre en compte le respect de la pudeur et de la dignité des patients, lors des prochaines commandes de chemises d'hôpital". Le réseau UNIHA a joué le jeu en mettant à disposition des établissements un stock de 20 000 chemises croisées à pression, ne s'ouvrant pas inopinément  qui s'est écoulé en quelques mois. Il a d'ailleurs lancé un nouveau marché dès le printemps.