Testé pendant plusieurs mois à l'hôpital Ambroise Paré de Boulogne-Billancourt, un dispositif d'amélioration de la sortie du patient est en voie de généralisation sur l'ensemble des structures de Médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP).

Outre l'amélioration de la satisfaction des usagers et le renforcement de la collaboration ville/hôpital par le biais d'une meilleure continuité des soins, il s'agit avant tout de réduire le taux de ré-hospitalisation, qui avoisine 20 à 30% en moyenne à l'AP-HP.

L'intérêt, en toile de fond, est également de libérer des lits pour les patients en attente au Service d'accueil des urgences (SAU) et, de facto, d'engranger des recettes d'hospitalisation supplémentaires pour l'établissement.

À l'hôpital Ambroise Paré, site pilote où le test a démarré en d'octobre 2011 dans deux services chirurgicaux (chirurgie orthopédique et vasculaire) et deux autres de médecine (médecine interne/néphrologie et rhumatologie), la satisfaction des patients mais, aussi celle des soignants, s'est considérablement accrue, relate à Hospimedia Rolande Carpentier, directrice adjointe en charge des droits du patient.

En outre, on sent poindre d'ores et déjà une progression du taux de sortie avant midi : celui-ci s'élevait à 40,8% au 30 avril 2012 contre 36,5% pour l'ensemble de l'année 2011.

Taux-cible de sortants avant 12h à 50%

Ce taux de sortants avant midi, l'hôpital francilien espère pouvoir l'approcher des 50% par le biais de son dispositif de sortie. Concentrée sur les patients regagnant leur domicile – il s'avère en effet plus difficile, pour l'hôpital, de disposer de tous les éléments qui lui permettent d'influer pleinement sur les conditions de sortie des patients nécessitant un hébergement en établissement d'aval –, l'expérience mise en œuvre à Ambroise Paré comprend deux volets.

D'une part, la création d'une pochette de sortie regroupant l'ensemble des documents nécessaires à la post-hospitalisation, précise la directrice adjointe : informations sur la maladie, ses conséquences et les symptômes qui peuvent amener à nouvelles consultations, ordonnances, rendez-vous post-hospitalisation, coordonnées téléphoniques du service, activités autorisées, comptes-rendus d'hospitalisation... La traçabilité de ces documents prend la forme d'une check-list de sortie dont le contrôle est assuré par la secrétaire hospitalière du service concerné.

Deuxième axe du dispositif, un entretien de sortie mené par un médecin ou une infirmière pour, notamment, expliquer les documents contenus dans la pochette de sortie.

Indicateurs inscrits aux contrats de pôle

Ce travail d'amélioration de la sortie du patient se formalise par le biais d'une contractualisation par pôle, laquelle se fixe entre autres comme indicateurs spécifiques le taux de sortie avant midi (50%), le score de satisfaction des usagers (60%) et le pourcentage d'entretiens de sortie réalisés.

Pour rappel, il s'agit de l'une des seize thématiques prioritaires retenues par Mireille Faugère, directrice générale de l'AP-HP. Quant aux retombées du dispositif d'Ambroise Paré, si les médecins ont pu paraître initialement "extrêmement sceptiques" sur son bien-fondé, ils s'y sont aujourd'hui pleinement engagés :"nous sommes passé d'une satisfaction du patient à celle du soignant. Il n'y a pas eu de charge de travail supplémentaire", se félicite ainsi Rolande Carpentier. Et de rappeler, au contraire, que cette expérimentation a su démontrer tout l'intérêt des staffs pluridisciplinaires dans le cadre de la préparation de la sortie, d'un renforcement de la coordination entre les acteurs hospitaliers et de la présence identifiée d'un responsable à chaque étape de l'itinéraire de sortie. Au cœur du suivi de sortie, les secrétaires médicales ont également vu leurs fonctions revalorisée.

Article de Thomas Quéguiner le 3/12/12 sur Hospimédia