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Actualités 02/06/2008

Baisse du tabagisme entre 1999 et 2007 chez les adolescents français



[APM] Le tabagisme quotidien des adolescents âgés de 16 ans scolarisés en France est passé de 31% en 1999 à 17% en 2007, selon l'enquête européenne ESPAD analysée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié mardi.

Cette enquête ESPAD (European School Survey on Alcohol and Other Drugs) menée en 1999 et 2003 auprès de 100.000 élèves âgés de 16 ans, dans 35 pays européens, par questionnaire auto-administré, porte notamment sur le niveau de tabagisme. La dernière vague de l'enquête, menée en France par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et l'Inserm, s'est déroulée au deuxième trimestre 2007.

L'échantillon français analysé en 2007 a compté 2.807 élèves des secteurs public, privé et agricole, "représentatifs des adolescents nés en 1991", donc âgés de 15-16 ans au moment de l'enquête. Le taux de scolarisation est supérieur à 98% pour cette année de naissance, selon l'analyse publiée dans le BEH.

En 2007, six adolescents de 16 ans sur 10 (58% des garçons, 61% des filles) ont déclaré avoir déjà fumé au moins une cigarette au cours de leur vie. En 1999, ces taux s'élevaient à 79% pour les garçons et 75% pour les filles. En 2003 ils atteignaient respectivement 71% et 66% pour chacun des sexes.

"Pour les deux sexes, la baisse du tabagisme amorcée entre 1999 et 2003 se trouve très largement confirmée par les données 2007. Ces diminutions sont particulièrement importantes pour le tabagisme quotidien, passant de 33% à 16% parmi les filles et de 30% à 18% parmi les garçons", soulignent les auteurs.

Ils indiquent cependant que l'essentiel de la baisse s'est opéré entre 1999 et 2003, surtout parmi les garçons, pour lequels le recul de la consommation (de 21% à 18% entre 2003 et 2007) "n'est pas statistiquement significatif", contrairement à celui des filles (24% de consommatrices au quotidien en 2003 contre 16% en 2007). De plus, 70% des élèves âgés de 16 ans ne déclaraient aucun usage de tabac au cours des 30 derniers jours en 2007, quand cette proportion d'abstinents s'élevait à 56% en 1999.

STABILITE DES "GROS FUMEURS" ET FUMEURS OCCASIONNELS

La part des usagers quotidiens de moins de 10 cigarettes par jour baisse aussi nettement entre 1999 et 2007, passant de 25% à 12%. En revanche, la part des fumeurs occasionnels, avec moins d'une cigarette par jour consommée (13% des élèves) reste stable, de même que celle des fumeurs de plus de 10 cigarettes par jour (5% des adolescents). Les auteurs relèvent ainsi "la difficulté de modifier les comportements tabagiques des adolescents et notamment ceux des plus dépendants".

L'enquête ESPAD s'est également intéressée "aux zones d'ombre" des politiques de lutte contre le tabagisme des adolescents, dont l'interdiction de vente de tabac aux mineurs de moins de 16 ans. Elle a interrogé à ce sujet des adolescents âgés de 13 à 16 ans. "Depuis son entrée en vigueur, de nombreux jeunes adolescents dans l'impossibilité théorique d'acheter des cigarettes dans un tabac déclarent pourtant le faire encore régulièrement. Cette mesure semble relativement mal appliquée", pointent les auteurs.

Parmi les élèves âgés de 13 ans qui se déclarent fumeurs quotidiens en 2007, 65% ont acheté au cours des 30 derniers jours au moins une fois des cigarettes ou du tabac à rouler dans un débit de tabac. Cette proportion atteint 74% parmi les élèves de 14 ans et 86% parmi ceux de 15 ans. Sur l'ensemble des élèves interrogés dans ESPAD en 2007, la proportion d'acheteurs de cigarettes chez un buraliste, de fait en infraction avec la loi, représente 9% de la population âgée de 13 ans à 19% des élèves de 15 ans.

Alors que la prochaine Journée mondiale sans tabac, samedi, vise spécifiquement "la jeunesse", l'Alliance contre le tabac a demandé lundi aux pouvoirs publics l'application "effective" de la législation sur la vente et la publicité du tabac.

Dans un communiqué, l'association souhaite également instaurer "la vente sous le comptoir des produits du tabac", c'est-à-dire en cachant les linéaires actuellement visibles, permettant ainsi de soustraire ces produits de la vue des "jeunes clients".

EXPERIMENTATION DU NARGUILE

Par ailleurs, dans la vague 2007 de l'enquête, une question a été posée aux élèves de 16 ans concernant leur consommation de tabac à l'aide d'un narguilé ou chicha. Un élève sur trois -35% des garçons, 33 % des filles- indique avoir déjà consommé du tabac à l'aide d'un narguilé. Parmi eux, 5% des garçons et 3% des filles indiquent n'avoir expérimenté le tabac qu'à travers ce mode de consommation, sans avoir jamais consommé de cigarettes.

"L'enquête confirme que le narguilé est devenu aujourd'hui un mode courant de consommation du tabac des jeunes.Toutefois, l'expérimentation de narguilé en dehors de toute autre forme de tabagisme est encore très faible aujourd'hui en France, sans qu'il soit possible d'évaluer sa vitesse de diffusion", commentent les auteurs.

Ils regrettent que les contraintes européennes en matière d'élaboration du questionnaire, en limitant les possibilités d'introduire des questionnements nationaux spécifiques, empêchent "de connaître la chronologie des modes d'entrée -cigarette ou narguilé- dans le tabagisme ou encore les fréquences de consommations".

"Il apparaît clairement que la part des seuls consommateurs de narguilé reste faible et ne remet pas en cause la baisse générale du tabagisme observée, et la récente interdiction de consommation de tabac dans les bars et restaurants, qui a entraîné la fermeture des bars à chicha, [au 1er janvier 2008] devrait contribuer à endiguer cette diffusion du narguilé", estiment encore les auteurs.

Paris, 27 mai 2008

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cc/eh/APM polsan
redaction@apmnews.com

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