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Actualités 29/04/2011

Après-cancer: 43% des Français citent la réinsertion professionnelle comme principale difficulté


[APM] La réinsertion dans le monde professionnel est pour 43% des Français la principale difficulté des personnes ayant été traitées pour un cancer, selon un sondage commandé par l'Institut Curie (Paris) présenté jeudi lors d'une conférence de presse de l'établissement, à l'occasion de la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail.

Chaque année en France, près de 350.000 personnes sont touchées par un cancer et 100.000 d'entre elles travaillent. Avec le recul de l'âge de la retraite, cette situation sera de plus en plus fréquente.
 
 Dans ce sondage Viavoice pour l'Institut Curie, réalisé début avril auprès d'un échantillon représentatif de la population générale, les Français se montrent majoritairement optimistes sur la guérison du cancer puisqu'ils sont 64% à déclarer que c'est une maladie qui se guérit de mieux en mieux.
 
 Interrogés par une question ouverte sur les difficultés de retour à la vie quotidienne des personnes guéries, la première qui est citée concerne la réinsertion dans le monde du travail, avancée par 43% des personnes interviewées. Certains disent que les employeurs ne font plus confiance, d'autres citent la difficulté à revenir après une longue absence, tandis que d'autres encore pensent qu'il vaut mieux ne pas parler de sa maladie.
 
 Vient ensuite pour 24% "affronter le regard des autres", pour 20% "un suivi médical lourd, une santé encore fragile", "la reprise d'une vie sociale" pour 20% aussi et "les difficultés psychologiques, notamment liées à une crainte de rechute" pour 18%.
 
 Favoriser le retour à l'emploi des anciens malades apparaît comme une priorité de l'après-cancer pour 86% des sondés et réduire les discriminations concernant les personnes guéries (pour l'obtention d'un prêt par exemple) pour 85%, "ce qui montre que l'après-cancer paraît compliqué", a rapporté Arnaud Zegierman, directeur associé de Viavoice.
 
 Cette inquiétude des Français complète les résultats d'une enquête menée par l'Institut Curie avec des médecins du travail d'Ile-de-France sur les répercussions du cancer sur la vie professionnelle.
 
 Menée avec un financement de l'Institut national du cancer (Inca) et de l'Association pour la recherche sur le cancer (ARC), cette étude a inclus 402 salariés recrutés par les médecins du travail avec un taux de réponse excellent de 90%.
 
 Environ deux ans après le cancer, huit salariés sur 10 retravaillent avec un taux de retour au travail toutefois inégal selon le type de cancer (92% pour le cancer du sein mais seulement 38% pour le cancer du poumon), a indiqué le Dr Bernard Asselain, chef de l'équipe biostatistiques et épidémiologie à l'Institut Curie.
 
 Mais la moitié d'entre eux disent rencontrer des difficultés dont la fatigue (61% se disent plus fatigables qu'avant), des symptômes (14% ont des douleurs chroniques, presqu'un tiers pour le cancer du sein) et des problèmes psychologiques (41% ont des troubles du sommeil, 38% prennent des psychotropes et 29% ont un score élevé d'anxiété, soit trois fois plus que dans la population générale).
 
 Environ 20% des salariés disent même avoir été pénalisés dans leur emploi à cause de la maladie (rétrogradés, refus de promotion, placardisés). Une durée plus longue d'absence et un traitement par chimiothérapie sont des facteurs prédictifs de difficultés.
 
 Le moment du retour au travail représente un double enjeu social et psychique, a expliqué Monique Sevellec, psychosociologue, responsable de la maison des patients à l'hôpital René Huguenin de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine, Institut Curie) qui s'est entretenue avec 42 patients de l'étude. "Ce retour au travail tant attendu reste difficile car il montre souvent que plus rien ne sera plus comme avant", a-t-elle décrit.

 Travailler en amont

 Le Dr Marie-Françoise Bourillon, médecin du travail en entreprise, a insisté sur l'importance de travailler en amont de la reprise et d'utiliser la visite de pré-reprise "pas assez exploitée", qui n'a été utilisée que dans 24% des cas dans l'étude. Il faut lui donner une plus grande visibilité car elle permet d'envisager la reprise et de travailler sur les modalités d'accompagnement.
 
 Bernard Asselain a déploré le manque de contacts entre les équipes soignantes et les médecins du travail, qui n'a eu lieu que dans 8% des cas dans l'étude et presque toujours à la demande du médecin du travail.
 
 "Il y a un travail à faire de la part des oncologues pour instaurer un dialogue entre le médecin oncologue, le médecin traitant et le médecin de l'entreprise", a-t-il recommandé.
 
 A l'Institut Curie, Solange de Nazelle, responsable du service social, le rappelle aux patients qui viennent la voir. Elle recommande de songer au retour au travail deux à trois mois avant l'hypothétique fin des traitements afin d'anticiper les questions.
 
 Devant le besoin d'information et pour favoriser l'anticipation, le Dr Asselain et ses collègues ont décidé de réaliser une brochure réalisant la synthèse de tout ce à quoi il faut penser, détaillant les possibilités et donnant des témoignages et des recommandations. "Il ne faut pas reprendre le travail la fleur au fusil", a-t-elle conseillé.
 
 "Beaucoup n'y ont jamais réfléchi avant. Il faut sensibiliser les salariés à ce que ça sera", a-t-elle ajouté. "La personne revient avec ses doutes, sa fatigabilité importante, ses difficultés psychologiques. Elle peut avoir des difficultés de concentration et la situation dépend aussi de comment elle a été remplacée pendant son absence", a complété le Dr Bourillon.
 
 

logo APM (Agence de Presse Médicale)

29/04/2011

sl/ab/APM polsan
 redaction@apmnews.com
 

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