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Regards croisés sur les modalités de prise en charge des adolescents


Les regards semblent diverger sur les modalités de prise en charge et ce suivant les âges et les pathologies.

L’analyse de Jean-Christophe Müller, directeur de l’Hôpital des enfants de Margency (Croix-rouge française)

« Notre établissement de soins de suite et de réadaptation (SSR) accueille des patients de quelques semaines à 17/18 ans. Nous ne séparons pas les enfants des adolescents à proprement parler mais regroupons au maximum les patients en fonction de leur âge. La spécificité de l’âge adolescent se voit plutôt à travers nos activités scolaires et périscolaires. En effet, nous avons une école intra muros en partenariat avec l’Education nationale et des activités culturelles grâce à une équipe éducative située sur notre site ».

Plus d’informations : http://ctp-margency.croix-rouge.fr

Le point de vue du Pr Claude Ricour, pédiatre et consultant au CHU Necker-Enfants-Malades à Paris

«  Ne mettons surtout pas les adolescents à part mais disons que pour les pathologies aiguës (appendicite, gastro-entérite, traumatologie, etc.), à partir de 16 ans, les urgences pédiatriques ne sont plus adaptées pour une simple et bonne raison : la morphologie de l’adolescent !

Pour les pathologies  chroniques (asthme, obésité, etc.), apparues dans la plupart des cas dès la petite enfance, le pédiatre a déjà tissé des liens étroits avec les parents et l’enfant. Puis, très vite, vers 11-12 ans, le patient doit progressivement devenir l’interlocuteur principal. C’est l’âge clé, même si ce n’est facile ni pour les parents, ni pour le médecin. La première fois où l’enfant peut donner son avis est essentielle, le médecin doit changer son regard très tôt, comme l’entourage familial.

Par ailleurs, les troubles du comportement chez l’adolescent (d’ordre psychologique, troubles de l’alimentation, addictions, etc.) nécessitent des prises en charge spécifiques et adaptées. »

Le regard du Dr Jacques Piant, ancien chef du service de psychiatrie infanto-juvénile du CH de Gonesse

 « Tentons d’abord de définir l’adolescence selon un double point de vue légal et pathologique afin de mieux comprendre les modalités de prise en charge en psychiatrie.

En France, on distingue la psychiatrie infanto-juvénile jusqu’à 16 ans de la psychiatrie générale, celle des adultes à partir de 16 ans. Pourquoi la situation est-elle quelque peu absurde ? Deux raisons : les services de pédiatrie des hôpitaux généraux accueillent eux les enfants jusqu’à l’âge de 15 ans et trois mois et de nombreux services de psychiatrie « adulte » refusent, pour des raisons de sécurité, les adolescents entre 16 et 18 ans, car ils ne sont légalement pas majeurs.

Il me semble plus intéressant de réfléchir en fonction des pathologies pour différencier les modalités de prise en charge. En psychiatrie, nous avons identifié des troubles spécifiques à la période de l’adolescence qui concernent une population importante : anorexie, conduites suicidaires, troubles graves du comportement, etc. Dans ce cas, il me semble indispensable d’ouvrir des espaces thérapeutiques spécifiques. C’est ce que nous avons réalisé au CH de Gonesse, pour les 12-18 ans.

Mais c’est aussi une période où peuvent apparaître des pathologies « adultes » comme la schizophrénie, qui vont nécessiter un traitement de longue durée. Il me semble alors préférable de diriger progressivement l’adolescent vers un service de psychiatrie générale pour éviter une rupture de prise en charge à sa majorité. »

Dernière modification le 07/04/2015

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