Une enquête menée dans 26 établissements médico-sociaux de la région auprès de 7.000 personnes porteuses de handicaps a mis en lumière "les énormes carences" dans le domaine des soins dentaires, puisque "très peu d'entre elles étaient soignées", explique à l'APM Gérard Vuidepot, directeur de la fondation Saint-François et par ailleurs président de la mutuelle nationale des hospitaliers (MNH).

Au terme d'une session de formation, déjà 20 chirurgiens-dentistes ont adhéré au réseau Handident Alsace et ont accepté de travailler de concert avec trois établissements hospitaliers: la clinique privée à but non lucratif Saint-François de Haguenau (Bas-Rhin), qui sera le centre de référence et qui appartient à la fondation Saint-François, la fondation protestante du Sonnenhof, un établissement médico-social de Bischwiller (Bas-Rhin) et le centre hospitalier de Haguenau.

"Nous considérons d'ores et déjà que c'est un succès", explique le directeur de la fondation. "Les chirurgiens-dentistes qui se sont engagés sont jeunes pour la plupart et désireux de s'engager dans un travail d'équipe".

En contrepartie de leur engagement en faveur des handicapés mentaux, psychiatriques, moteurs et sensoriels de la région, ces chirurgiens-dentistes bénéficieront d'une majoration de leurs actes dentaires de 50%.

Les soins seront dispensés en ville, dans les cabinets des professionnels de santé adhérant au réseau ou, lorsque cela est nécessaire, dans le secteur opératoire de la clinique Saint-François, où les patients seront pris en charge sous sédation profonde et sous contrôle de médecins anesthésistes. Dans les cas les plus lourds, il est prévu une prise en charge sous anesthésie générale au bloc opératoire de la clinique.

Pour les professionnels de santé, la prise en charge de la santé bucco-dentaire d'une personne handicapée peut s'avérer "complexe et délicate", explique la clinique Saint-François dans un communiqué.

"Les difficultés de compréhension, les problèmes de communication, une forte anxiété, les troubles de comportement rendent la prise en charge difficile, voire impossible, dans un cabinet de ville ordinaire". Le chirurgien-dentiste peut être également gêné par "un comportement de non coopération, voire d'opposition".

Le réseau constate également "l'absence de formation, de référentiels, de nomenclature", qui aboutit "à une prise en charge négligée".

Or "une hygiène orale négligée, accompagnée d'une santé fragile et des effets secondaires de certains médicaments sont souvent à l'origine d'un mauvais état bucco-dentaire", qui lui-même peut avoir "des répercussions graves" sur l'état de santé en général des personnes handicapées (dénutrition ou les infections à distance), sans compter la perte d'estime de soi provoquée par "des fonctions orales perturbées et une esthétique disgracieuse".
L'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH) a accordé une enveloppe de 105.000 euros au titre des missions d'intérêt général et d'aide à la contractualisation (Migac) pour soutenir les dépenses d'investissements du centre de référence, qui s'élèvent à 800.000 euros.

La fondation Caisse d'épargne a fait un don de 40.000 euros et le reste des dépenses est supporté par les fonds de la fondation Saint-François.

Les missions du réseau sont quant à elles subventionnées par l'union régionale des caisses d'assurance maladie (Urcam), qui a mis en place un financement sur trois ans de 460.000 euros, notamment pour prendre en charge les prestations dérogatoires.

Le réseau a été mis en place par l'Association des chirurgiens dentistes adhérent au réseau Handident Alsace, grâce au soutien du conseil de l'Ordre des chirurgiens-dentistes.

Le concept du réseau Handident a déjà été décliné dans plusieurs régions, sous des formes variées et de façon indépendante, dans le Nord, en région Paca (à l'hôpital de La Timone à Marseille), en Midi-Pyrénées et en Rhône-Alpes (au centre hospitalier du Vinatier de Bron dans le Rhône). En Alsace, l'originalité du projet réside dans le regroupement sur un même lieu (la clinique Saint-François) des activités de soins et des missions du réseau (coordination, information des patients, etc.).

ca/co/polsan
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PARIS, 16 mars 2009 (APM)