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Actualités 04/06/2012

Les délais de rendez-vous pour faire un examen IRM toujours aussi longs


[APM] Les délais de rendez-vous pour faire un examen par imagerie à résonance magnétique (IRM) sont toujours particulièrement longs en France et très variables d'une région à l'autre, déplorent les professionnels de l'imagerie, alors que l'écart se creuse entre la France et les autres pays européens en termes d'équipement.

L'association Imagerie santé avenir (ISA), représentant des fabricants d'appareils, a présenté lors d'une conférence de presse les résultats de son enquête devenue habituelle depuis neuf ans, sur les délais pour obtenir un rendez-vous. Cette enquête réalisée par téléphone dans 551 structures consiste à demander un rendez-vous pour un examen IRM destiné à une personne (fictive) ayant un cancer colorectal chez qui des douleurs lombaires sont apparues.
Le délai moyen dans l'enquête réalisée en janvier 2012 est de 29,1 jours.
Il y a certes un petit avantage par rapport à 2011 (32,2 jours) et aux années précédentes (35,5 jours), mais cet avantage est relatif puisqu'on est en fait revenu au niveau de l'enquête de 2005.
De plus, ce délai de 29,1 jours "reste trois fois supérieur aux 10 jours recommandés par la commission Grünfeld" (qui préfigurait le Plan cancer 2), a noté Bruno Detournay de la société Cemka Eval qui a conduit l'étude pour Imagerie santé avenir.

 

Inégalités régionales

De grandes inégalités régionales apparaissent dans cette enquête. Par rapport à 2011, 10 régions ont vu leurs délais d'attente diminuer de plus de 10%, mais dans six autres ils ont augmenté de plus de 10%. Bruno Detournay a estimé qu'il y avait un lien direct entre le niveau d'augmentation du parc d'IRM et le délai d'attente dans chaque région.
Trois régions sont en-dessous des 20 jours de délai pour un IRM: Nord-Pas-de-Calais, Ile-de-France et Midi-Pyrénées. Six sont entre 20 et 30 jours: Champagne-Ardenne, Centre, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte-d'Azur (Paca).
Trois régions sont entre 30 et 40 jours: Alsace, Bourgogne et Auvergne. Cinq sont entre 40 et 50 jours: Aquitaine, Haute-Normandie, Picardie, Lorraine et Franche-Comté. Enfin, cinq régions sont au-dessus des 50 jours d'attente: Bretagne, Pays-de-la-Loire, Basse-Normandie, Limousin et Corse.
Ce sont 40% des Français qui doivent attendre plus de 30 jours pour un IRM, et le responsable de Cemka Eval a pointé une "inégalité d'accès aux soins" et une "médecine à deux vitesses". Et au-delà des inégalités, "aucune région n'atteint l'objectif du Plan cancer 2".
Dominique Blanc, président d'Imagerie santé avenir, a abordé la question par une autre voie: la comparaison avec les autres pays européens, en affirmant qu'il y avait une "totale rupture par rapport à nos voisins" en termes d'équipements.
Non seulement le taux d'appareils d'IRM est de 9,8 par million d'habitants en France, soit deux fois moins que la moyenne européenne qui est à 19,5/million, et trois fois moins que le taux de 27 appareils/million d'habitants en Allemagne. Mais "le retard s'aggrave d'année en année par rapport à nos voisins".
Les régions ayant les taux les plus bas sont au même niveau que les pays de l'Est, a-t-il mentionné.

L'IRM "incontrournable"

Lors de cette conférence de presse, Imagerie santé avenir a fait appel à plusieurs cliniciens qui ont décrit l'évolution de l'utilisation de cette technique d'imagerie, avec une augmentation des indications, et ont souligné le fait qu'elle était devenue "incontournable", mais que les recommandations ne peuvent pas toujours être appliquées.
Le Pr Frank Boudghene de l'hôpital Tenon à Paris (AP-HP) a rappelé que désormais en cancérologie, l'imagerie ne sert plus seulement au diagnostic, mais "participe à la décision thérapeutique". Et dans de nombreux domaines, l'IRM est "plus performant que le scanner", voire que la tomographie par émission de positons (TEP). "Si le patient n'a pas d'IRM, c'est une perte de chance".
Le Pr Jean-Yves Gauvrit du CHU de Rennes a rappelé que pour les accidents vasculaires cérébraux ischémiques, un IRM devrait être fait "dans les minutes" afin de permettre un traitement, mais "en pratique on ne peut pas le faire" aussi rapidement. Donc, soit on fait un scanner alors qu'il "ne sert à rien" et peut être "faussement rassurant", soit on hospitalise le patient en attente de l'IRM, ce qui induit une "perte de chance" et "coûte cher".
De même, pour les crises convulsives des sujets jeunes, "on est incapable de proposer un IRM dans le délai de six jours" qui est recommandé.
Le Pr Philippe Grenier de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP) a indiqué que le nouveau guide de bon usage des examens d'imagerie qui sera présenté en octobre confirmera "l'explosion des indications" de l'IRM. Non seulement cette technique se substitue au scanner dans de nombreuses indications, mais elle permet aussi de faire de la radiologie interventionnelle.
Les différents intervenants affirment peiner à expliquer le retard pris par la France. Ils estiment notamment que l'imagerie n'est perçue par les tutelles et l'assurance maladie que comme une "dépense supplémentaire", ne servant qu'au diagnostic alors que désormais elle participe aussi à la décision thérapeutique.
Le manque d'études médico-économiques montrant l'intérêt de l'IRM pour faire baisser d'autres coûts a été souligné. Des études qui, toutefois, pourraient être faites par les industriels, note-t-on.
Alors qu'en 2012 seuls 26 nouveaux appareils ont été installés en France, soit une augmentation de 4,4% (contre 10% en 2010 et 9% en 2011), Michèle Barzach (cabinet de conseil Michèle Barzach Santé International) a pointé un "blocage" à l'avenir.
Dans les régions, "le Sros [schéma régional d'organisation de soins] 3 s'est arrêté en 2011 et a ensuite pris un an de retard du fait de l'installation des agences régionales de santé (ARS)", et "aucune autorisation n'a été donnée". Et si l'on ajoute le décalage entre l'autorisation et l'installation d'un nouvel appareil, "il va y avoir un trou noir".

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 Article publié le 01/06/2012

fb/ab/APM polsan
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