La mortalité par cancer du poumon a quadruplé chez les femmes de 40 ans depuis les années 1980
[APM] La mortalité par cancer du poumon a quadruplé chez les femmes de 35-45 ans depuis les années 1980, selon une étude publiée mardi dans le BEH de l'Institut de veille sanitaire (InVS).
"Parmi les femmes, la mortalité augmente depuis 1980 et cette augmentation s'est accélérée dans les années récentes", notent Catherine Hill, de l'Institut Gustave-Roussy (IGR, Villejuif, Val-de-Marne), et ses collègues. Sur la période 2000-07, elle atteint un taux de mortalité de 12,8 pour 100.000 femmes.
Selon des données précédentes de l'InVS, le cancer du poumon est désormais le deuxième plus mortel chez les femmes, après celui du sein. Il devrait toucher 10.000 femmes en 2010 et provoquer 7.700 décès.
Cette augmentation s'observe à toutes les classes d'âge, mais est particulièrement marquée chez celles de 35-44 ans, avec un quadruplement entre 1984 et 1999, suivie d'une hausse plus progressive dans les années 2000.
La hausse inquiétante dans cette classe d'âge, "indicateur le plus sensible et le plus précoce" pour étudier le tabagisme des trois dernières décennies, s'explique par une forte augmentation de la consommation de cigarettes, expliquent les chercheurs.
En 1991, le tabagisme a connu un pic à 3,5 cigarettes/jour chez les femmes, mais la baisse observée depuis a été moins marquée que chez les hommes -qui ont connu leur pic à neuf cigarettes/jour en 1980.
En raison d'une forte baisse du tabagisme, la situation est plus favorable chez les hommes, dont la mortalité par cancer du poumon a atteint un maximum en 1993. Tous âges confondus, son taux est passé de 69,7 à 64 pour 100.000 entre les décennies 1990 et 2000.
Comme pour les femmes, c'est chez les hommes de 35-44 ans que cette tendance est la plus marquée, avec une baisse de moitié de la mortalité entre les deux périodes.
Tous âges confondus, la mortalité liée au cancer du poumon reste toutefois près de cinq fois plus élevée chez l'homme, mais l'écart tend à se réduire rapidement. "Ces données montrent que les femmes encourent les mêmes risques que les hommes quand elles fument autant", commentent les chercheurs.
"Les actions politiques de lutte contre le tabagisme des dernières décennies ont eu un effet bénéfique remarquable, mais on peut prévoir que l'épidémie va continuer chez les femmes au fur et à mesure que vieilliront les générations qui ont beaucoup fumé", ajoutent-ils.
"On peut également s'attendre à un ralentissement de la diminution de la mortalité chez les hommes, dans la mesure où les ventes de cigarettes sont restées à peu près constantes de 2004 à 2009", concluent les chercheurs.
A l'occasion de la Journée mondiale sans tabac, qui aura lieu lundi prochain, le ministère de la santé organise mardi dans ses locaux un colloque sur les femmes et le tabac, avec, entre autres, des tables rondes sur les adolescentes, les soignantes et les femmes enceintes.
(BEH du 25 mai, n°19-20, p210-213)
rl/ab/APM polsan
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PARIS, 25 mai 2010 (APM)
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