Tirée du pavot, la morphine est une composante de l'opium, l'une des plus anciennes drogues connues. Ce dernier était en effet utilisé dès l'Antiquité pour ses vertus sédatives et antalgiques. Pour sa part, la morphine fut identifiée au début du XIXe siècle. Dans le domaine médical, celle-ci s'est rapidement imposée comme un outil majeur de lutte contre la douleur.

Mais la morphine présente deux inconvénients importants. Tout d'abord, elle provoque de graves effets secondaires : dépression respiratoire, constipation, mais aussi dépendance physique et psychique. La dépendance est en effet l'autre effet important de la morphine (comme le montre l'exemple de l'héroïne, qui n'est rien d'autre qu'une forme de morphine). Le développement d'un phénomène de tolérance oblige par ailleurs à augmenter progressivement la dose pour obtenir le même effet... ce qui accroît les effets secondaires.

Une équipe internationale travaille à l'élaboration d'une morphine qui serait dépourvue de tels effets. Elle associe l'Inserm, le CNRS, les universités de Montpellier 1 et 2, ainsi qu'une équipe américaine de l'université de Stanford. Pour cela, il fallait d'abord comprendre les bases structurales de l'action de la morphine et des opiacés (dérivés de l'opium) en général. C'est ce qu'a réussi l'équipe de chercheurs, en décryptant la structure tridimensionnelle du récepteur lorsqu'il est associé à une molécule présentant une structure chimique proche de celle de la morphine.

Il s'agit là d'une étape essentielle. En effet, selon le communiqué publié par l'Inserm, cette avancée "pourrait à terme mener à la conception de nouveaux médicaments analgésiques dépourvus d'effets secondaires".