• Twitter
  • Facebook
Actualités 21/11/2019

Optimisation de la chimioembolisation pour le traitement du cancer du foie

À l’occasion de la cérémonie d’ouverture du congrès annuel de la Cardiovascular and interventional radiological society of Europe (CRISE - Société de radiologie cardiovasculaire et interventionnelle d’Europe) qui s’est tenu au mois de septembre dernier, le Pr Mathieu Boulin, pharmacien clinicien de l’Unité médicale ambulatoire de cancérologie (UMAC) du CHU Dijon Bourgogne, a reçu l'Award of Excellence and Innovation in Interventional Radiology. Ce prix vient récompenser les travaux de recherche sur l'optimisation de la chimioembolisation pour le traitement du cancer du foie qu’il a menés en collaboration avec le Pr Boris Guiu, chef du département de Radiologie diagnostique et interventionnelle de l'hôpital Saint-Éloi de Montpellier.

Cancer du foie et chimioembolisation

Le cancer du foie est un cancer de très mauvais pronostic. En 2018 dans le monde, 841 080 nouveaux cas ont été diagnostiqués et 781 631 personnes en sont décédées. Pour le seul territoire français, cela représente 10 580 nouveaux cas et 8 697 décès. Chez les patients non métastatiques et qui ne peuvent pas être traités par chirurgie, la chimioembolisation est le traitement recommandé au niveau mondial. Cette technique de radiologie interventionnelle locorégionale associe l’injection intraartérielle d’un agent anticancéreux à une occlusion artérielle pour un ralentissement du flux sanguin. Elle permet ainsi d’augmenter la concentration de l’agent anticancéreux au plus près de la tumeur.

Bien qu’identifiée comme traitement de référence depuis plusieurs décennies, la chimioembolisation reste très empirique. Une très grande hétérogénéité de protocoles coexistent sans aucun consensus sur la procédure optimale : agents anticancéreux utilisés, doses administrées, agents d’embolisation, modalités d’injection, fréquence des cures… Ainsi, de très nombreux agents anticancéreux sont utilisés depuis une quarantaine d’années pour la chimioembolisation des carcinomes hépatocellulaires, lesquels représentent 90% de l’ensemble des cancers du foie, sans que l’on sache lequel est le plus efficace. « Ce 1er constat partagé avec mes collègues cliniciens radiologues et oncologues digestifs au CHU a lancé mes travaux de recherche sur la chimioembolisation. Ceux-ci ont débuté il y a un peu plus de dix ans, sous la direction du Pr Laurent Bedenne. L’objectif était d’essayer d’optimiser la procédure de chimioembolisation, afin d’améliorer les réponses et la survie des patients en travaillant d’une part sur l’agent anticancéreux et d’autre part sur sa vectorisation » indique le Pr Mathieu Boulin.

 

Des travaux de recherche pour améliorer la prise en charge des cancers du foie

Une première série d’essais, à laquelle a largement contribué le pharmacien dijonnais, a permis de démontrer l’efficacité de l’idarubicine chez des patients atteints d’un carcinome hépatocellulaire. Cette molécule, utilisée par ailleurs dans le traitement des leucémies, s’est révélée avoir une cytotoxicité supérieure à celle de 10 autres agents anticancéreux utilisés au quotidien pour la chimioembolisation. Ces recherches ont notamment été menées dans le cadre d’un essai de phase I promu par le CHU Dijon Bourgogne, essai IDASPHERE I ayant pour investigateur coordonnateur le Pr Laurent Bedenne, et de phase II, essai multicentrique IDASPHERE II ayant pour investigateur coordonnateur le Pr Boris Guiu.

En parallèle, le Pr Mathieu Boulin s’est investi dans d’autres travaux de recherche pour la mise au point d’une émulsion stable favorisant la pénétration de l’idarubicine dans le foie. Ces études de phase I et II ont permis le dépôt d’un brevet au cours de l’année 2014, au nom conjoint du CHU Dijon Bourgogne et de l’Université de Bourgogne, ayant pour intitulé « Composition pharmaceutique pour le traitement du cancer ». Ce brevet a été cédé à un laboratoire pharmaceutique en 2016.

L’ensemble de ces travaux de recherche a donné lieu à une vingtaine de publications internationales en dix ans. Il n’aurait jamais été réalisé sans la collaboration de différentes équipes hospitalières et universitaires dijonnaises et françaises ainsi que de sociétés savantes et d’industriels. Plusieurs services du CHU Dijon Bourgogne ont notamment contribué de manière importante à son rayonnement : Pharmacie, Radiologie diagnostique et thérapeutique, Hépato-gastroentérologie et oncologie digestive, Centre d’investigation clinique pluri-thématique, Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, Pharmacovigilance. La participation des patients aux différents essais cliniques menés est également essentielle dans ces avancées.

Les essais concernant l’idarubicine doivent encore se poursuivre, afin notamment de juger définitivement de son efficacité et de sa tolérance chez les patients atteins d’un carcinome hépatocellulaire non résécable non métastatique. En 2019, certains hôpitaux français et étrangers utilisent déjà cette molécule comme agent anticancéreux pour la chimioembolisation des carcinomes hépatocellulaires.

 

Les travaux du Pr Mathieu Boulin s’inscrivent pleinement dans la dynamique de recherche menée par le CHU Dijon Bourgogne. L’établissement et ses professionnels s’investissent en effet au quotidien pour développer et collaborer à des protocoles de recherche, avec pour objectif d’améliorer la qualité de vie et de prise en charge des patients.

Haut de page
  • Twitter
  • Facebook