Les dons de lait maternel stables en 2012, mais toujours inférieurs aux besoins

En 2012, plus de 76.000 litres de lait maternel ont été collectés en France, dont plus de 39.000 litres de dons personnalisés et près de 37.000 litres de dons anonymes, mais 15% des dons ont été refusés lors des tests virologiques et bactériologiques, ne laissant que 61.400 litres de lait distribués.
"Pour couvrir l'intégralité de la demande en lait, il faudrait fournir 300 mL de lait par jour pendant environ un mois aux 11.000 prématurés qui naissent chaque année en France, soit plus de 100.000 litres de lait par an", estime le docteur Claude Billeaud du lactarium de Bordeaux-Marmande, interrogée par l'APM. Si l'on ajoute les volumes rejetés où utilisés lors des tests sérologiques, c'est près de 150.000 litres de lait par an qui sont nécessaires.
Les journées nationales se déroulent par ailleurs à un moment charnière dans l'histoire des lactariums, puisqu'il s'agit de la première année où les 18 lactariums "historiques" ont été rejoints par 17 nouveauxlactariums, de plus petite taille mais tous adossés à une maternité de niveau 3.
"La France est désormais le pays d'Europe où il y a le plus de lactariums en activité", a commenté auprès de l'APM Jean-Charles Picaud des Hospices civils de Lyon (HCL), président de l'ALDF.
En 2012, les nouveaux lactariums ont collecté 8.392 litres de laits, dont 6.418 litres utilisables. Les anciens lactariums ont eux collecté 67.695 litres de lait dont 54.982 litres étaient utilisables. Les nouveauxlactariums ont également dû procéder à l'achat -aux "anciens"lactariums- de 2.881 litres de lait pour compenser une collecte encore insuffisante.
L'ensemble de ces lactariums sont désormais soumis aux mêmes contraintes réglementaires parues en 2008 au Journal officiel et dont l'application est assurée par l'Agence de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui contrôle les lactariums une à deux fois par an.
Les dons se composent pour moitié de dons personnalisés, venant de mères d'enfants prématurés pour l'alimentation de leur propre enfant. L'autre moitié est composée de dons anonymes, venant également souvent de mères d'enfants prématurés, mais qui sont ensuite délivrés aux enfants prématurés d'autres femmes.
"Le don du lait doit être encouragé et, surtout, les mères de prématurés doivent être incitées à donner leur lait" estime Claude Billeaud. "Si toutes les mères d'enfants prématurés donnaient leur lait dans de bonnes conditions, l'essentiel des besoins serait comblé".
Pour Jean-Charles Picaud, "Il faut combattre de vieilles habitudes, comme celle qui consiste à dire aux mères de prématurés de se reposer et de ne pas commencer à tirer leur lait tout de suite. On sait aujourd'hui qu'il faut commencer à tirer le lait dans les six premières heures après l'accouchement".
"Nous aimerions également qu'il y ait des grandes campagnes d'informations comme pour le sang ou les organes avec lesquels nous sommes à égalité en termes réglementaires".
Faute de lait maternel, c'est donc du lait de vache cru qui est utilisé pour les prématurés de plus de 1.500 grammes, pasteurisé pour éviter les infections au cytomégalovirus. Mais Claude Billeaud estime "qu'il faut être plus exigeant et donner du lait maternel à tous les bébés de moins de 1.800 grammes".
TOUR DE VIS REGLEMENTAIRE
"L'application d'une réglementation très stricte en matière de sécurité du lait" a eu un fort impact sur les quantités collectées, explique Claude Billeaud. Bien qu'il ne conteste à aucun moment l'importance de ces contrôles, il constate que, dans son lactarium de Bordeaux-Marmande, "la quantité collectée est passée de 40.000 litres à 12.000 litres".
Le lactarium de Bordeaux-Marmande est un cas un peu à part dans le paysage des lactariums français, puisque l'intégralité du lait qui y est collecté est destiné à la vente aux autres centres. Une équipe de 22 collectrices de lait parcourt les départements environnant et va même jusqu'en Bretagne.
Pour améliorer l'efficience de la distribution et de la préparation du lait, Claude Billeaud cite le cas du lactarium régional Rhône-Alpes de l'hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, qui centralise les collectes des plus petitslactariums de la région.
Les lactariums sont financés via les missions d'intérêt général et d'aide à la contractualisation (Migac). Ils perçoivent également de l'argent lors de la vente de lait à d'autres lactariums. Le lait est vendu 80 euros le litre, mais Jean-Charles Picaud et Claude Billeaud s'accordent à dire que "ce prix ne couvre pas l'ensemble des dépenses engagées pour collecter, tester et préparer le lait". Le véritable coût du lait serait de l'ordre de 90 euros par litre et de 150 euros par litre pour le lait lyophilisé.

Article publié le 17/06/2013
dc/fb/cb/APM
redaction@apmnews.com
Commentaires 0 réactions
Soyez le premier à réagir !
Participez