Le directeur général de la santé, Didier Houssin, a rappelé vendredi lors d'une conférence de presse qu'en France, le tabac reste le premier facteur de mortalité prématurée évitable avec 66.000 morts par an.

Les mesures prises dans le cadre du plan cancer 2003-08 et l'interdiction de fumer dans les lieux publics ont apporté des résultats encourageants dans la lutte contre le tabac, s'est félicité le DGS, rappelant notamment la baisse de la consommation chez les jeunes et les femmes, ainsi que les premiers bénéfices mesurables de la diminution du tabagisme passif.

Il a d'ailleurs indiqué sur ce point que l'Institut de veille sanitaire (InVS) prévoit d'évaluer l'impact de l'interdiction de fumer dans les lieux publics en population générale à partir des données d'hospitalisation pour infarctus du myocarde, syndromes coronaires aigus, accidents vasculaires cérébraux (AVC) et décompensations aiguës de pathologies respiratoires chroniques. Les résultats pourraient être disponibles en 2010.

"Mais ces résultats sont clairement insuffisants car ils sont encore loin de l'objectif fixé par l'OMS [Organisation mondiale de la santé] d'un taux inférieur à 20% de fumeurs dans la population générale", a-t-il souligné. Le taux de fumeurs est d'environ 30% en France.

Plusieurs indicateurs suggèrent que le nombre de fumeurs qui envisagent d'arrêter de fumer n'évolue pas favorablement, a ajouté Thanh Le Luong, directrice de l'Inpes. Les ventes de médicaments d'aide à l'arrêt ont baissé de 22,6% en 2008 par rapport à 2007 et les appels au service d'information et d'aide à l'arrêt Tabac info service ont aussi diminué de 34,3% sur la même période, passant de près de 57.000 à quelque 37.400.

En outre, les ventes de cigarettes ont baissé de 2,5% en 2008 par rapport à 2007 mais en même temps, celles de tabac à rouler ont augmenté de 2,6%.

La DGS et l'Inpes ont donc choisi de diriger cette nouvelle campagne antitabac en direction des fumeurs actifs en mettant en avant le fait -avéré et souvent méconnu- qu'un fumeur sur deux meurt de son tabagisme, différentes études ayant montré que les Français, et en particulier les fumeurs, ont tendance à sous-évaluer les risques liés au tabagisme.

Un spot télévisé de 40 secondes sera diffusé du 31 mai au 20 juin sur les chaînes hertziennes et la TNT ainsi que sur internet, sous la forme de bannières du 4 juin au 2 juillet. Il s'agit d'accroître la perception du risque lié au tabagisme actif en le mettant en perspective avec des probabilités beaucoup plus faibles, comme celle de la création de la Terre.

En parallèle, deux affiches sur le même thème, comparant le risque lié au tabagisme à celui de mourir foudroyé (une chance sur 1,5 million) ou d'être dévoré par un requin (une chance sur 650 millions), seront visibles dans les réseaux urbains du 8 au 14 juin et dans des lieux fréquentés par les 15-25 ans en particulier (cafés, bistros...) du 2 au 16 juin.

UN COACHING PAR TELEPHONE ET/OU EMAILS

Une campagne est également menée pour promouvoir l'arrêt du tabac et faire découvrir les nouveaux numéro et services de Tabac Info Service. Le numéro d'appel à huit chiffres passe à quatre chiffres, le 39.89 (0,15 euro/min d'un poste fixe, hors surcoût éventuel de l'opérateur, du lundi au samedi de 9 heures à 20 heures).

Tabac info service proposera à partir de dimanche un nouveau service de coaching personnalisé par téléphone ou par internet (www.tabac-info-service.fr).

Après un bilan du fumeur (âge, mode de consommation, niveau de dépendance, degré de motivation), des conseils et des exercices personnalisés seront délivrés par téléphone (c'est Tabac info service qui rappelle) ou par emails pour accompagner le fumeur dans sa démarche d'arrêt.

Pour faire connaître ce nouveau dispositif, trois spots radio de 30 secondes seront diffusés à la radio du 6 au 24 juin en métropole et du 1er au 21 juin dans les DOM et une campagne de bannières sur internet sera menée du 4 juin au 2 juillet. Un courrier sera aussi envoyé aux professionnels de santé pour leur faire connaître le nouveau service.

Ce coaching s'adresse davantage à des personnes peu dépendantes au tabac. Il est en outre plus accessible que les services hospitaliers de tabacologie, ont fait observer Didier Houssin et Thanh Le Luong.

L'impact de ce nouveau service, qu'il soit fourni par téléphone ou par internet, sera évalué en 2010 de manière qualitative, c'est-à-dire en se fondant sur l'abstinence à plusieurs mois de suivi, a précisé à l'APM la directrice de l'Inpes.

La nouvelle campagne DGS/Inpes s'accompagne également d'une distribution de plus de 100.000 exemplaires d'un guide pratique sur l'arrêt du tabac qui sera distribué en juin à l'entrée des 24 plus grandes gares de France et au pied des immeubles de six grandes villes (Paris, Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux et Nantes), au moment où les fumeurs font leur pause cigarette.

L'Inpes met aussi à disposition sur le site d'Apple, à partir du 2 juin, une application pour i-Phone correspondant à un cendrier virtuel qui permet d'accéder au 39.89.

DidierHoussin a par ailleurs indiqué à la presse que selon lui, la mesure concernant l'apposition de photos "choc" sur les paquets de cigarettes entrera en vigueur "certainement d'ici la fin de l'année et peut-être avant". La DGS et l'Inpes mènent actuellement une étude d'impact de ces images et doit donner en septembre son choix d'une douzaine de photos parmi celles mises à disposition par l'Union européenne.

Interrogé par l'APM sur la mise en place de paquets neutres, le DGS a considéré cette mesure comme "très importante". "C'est une cible mais qui nécessite un travail préparatoire pour l'atteindre car il existe des problèmes de marque et de propriété intellectuelle", a-t-il expliqué.

Cette proposition figure parmi les recommandations de l'Académie de médecine pour relancer la lutte contre le tabac, qui ont été rendues publiques jeudi et contribueront à la rédaction "bien engagée" du prochain plan cancer, a ajouté Didier Houssin.

Il a aussi indiqué que la demande, formulée par 30 associations et sociétés savantes, d'un meilleur remboursement du sevrage tabagique par l'assurance maladie, par des aides pharmacologiques ou non, pour les patients pris en charge au titre des affections de longue durée, est "une idée en cours d'évaluation pour apprécier l'impact sanitaire, le poids économique d'une telle mesure et la question de la motivation" des intéressés.

Enfin, il a rappelé que la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, était vendredi matin au Sénat pour le débat sur le projet de loi portant réforme de l'hôpital et relatif aux patients, à la santé et au territoire (HPTS), dans lequel sont prévues également des mesures antitabac, comme l'interdiction des cigarettes aromatisées ou de la vente aux moins de dix-huit ans.

NOUVELLE CAMPAGNE EUROPEENNE

La Commission européenne a aussi annoncé jeudi dans un communiqué qu'elle s'apprêtait à lancer une nouvelle campagne via des messages diffusés sur plus d'une centaine de chaînes de toute l'UE. Visibles dimanche, en juin puis en septembre, ces spots aborderont trois thèmes: ne pas commencer à fumer, comment arrêter et les méfaits du tabagisme passif, qui sont repris sur un site internet (fr.help-eu.com/pages/index-1.html).

Pour l'OMS, l'édition 2009 de cette journée mondiale sans tabac est l'occasion d'appeler tous les gouvernements à exiger que tous les paquets de produits du tabac affichent des avertissements visuels, illustrant les maladies et souffrances causées par le tabagisme.

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PARIS, 29 mai 2009 (APM)