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Actualités 23/11/2021

Autogreffe d'ilôts de Langerhans : une première au CHU de Rennes dans la prévention des cancers pancréatiques, en collaboration avec le CHU de Lille

Les 16 et 18 novembre, le service de chirurgie hépatobiliaire et digestive du CHU de Rennes, en coopération avec le CHU de Lille, a réalisé une ablation complète du pancréas suivie, 48h plus tard, d’une autogreffe d’îlots de Langerhans intrahépatique dans le cadre d’une pancréatite chronique héréditaire hyperalgique.

Chez un sujet jeune, cette indication associée à un fort risque cancéreux fait de cette intervention une première en France. Une opération complexe, compte-tenu des deux grandes fonctions assurées par le pancréas. La première, l’exocrine, sécrète des sucs pancréatiques permettant la digestion. La seconde, l’endocrine, assure l’équilibre glycémique par la sécrétion d’insuline et de glucagon, respectivement responsables de l’augmentation et de la diminution du taux de sucre dans le sang. A la suite d’une ablation du pancréas, la fonction endocrine est plus délicate à restaurer et l’autogreffe d’îlots de Langerhans permise par l’expertise associée du CHU de Lille y apporte une réponse efficace, laissant entrevoir de nouvelles perspectives en chirurgie pancréatique comme dans la prise en charge des cancers du pancréas.

Etape 1 : l’ablation complète du pancréas comme réponse aux douleurs chroniques et au risque de dégénérescence en cancer.

Le sujet opéré les 16 et 18 novembre est âgé de 30 ans et présente une pancréatite chronique génétique qui altère profondément sa qualité de vie par les douleurs chroniques qu’elle provoque et conduit à une destruction progressive de toute la glande, en plus de présenter un risque élevé de transformation en cancer. Seule l’ablation du pancréas permet d’écarter ce risque tout en assurant la disparition des douleurs.

Lors de cette première étape d’une durée de près de cinq heures, le chirurgien prélève le pancréas avant d’introduire un cathéter dans une veine menant au tronc de la veine porte drainant l’intestin vers le foie.

« Lors de ce prélèvement, nous veillons à ce que le pancréas soit le plus intact possible de telle sorte que nos confrères de Lille puissent en isoler des îlots nombreux et de qualité. Une fois réinjectées dans l’organisme, ces cellules s’implantent rapidement dans le foie, produisant en quelques jours seulement des résultats visibles sur la régulation glycémique. »
Pr Laurent Sulpice, chef du service de chirurgie hépatobiliaire et digestive

Etape 2 : l’isolement des îlots de Langerhans, ces cellules aux grands pouvoirs.

On appelle îlots de Langerhans les cellules du pancréas à l’origine de la production d’insuline. Ces micro-organes complexes disséminés dans le pancréas représentent moins de 5% de la masse totale de ce dernier.

Aussitôt le pancréas prélevé, l’équipe du CHU de Lille y introduit des cathéters en prévision de l’injection de l’enzyme permettant l’isolement des îlots. Le pancréas est ensuite placé dans un liquide de conservation pendant toute la durée du transport jusqu’au CHU de Lille. Cette étape préparatoire réalisée sur place aux côtés des équipes rennaises aura duré 45 minutes. Une fois parvenu à Lille, le laboratoire met en culture le pancréas pour procéder à l'isolement des ilôts.

Cette procédure consiste en une digestion enzymatique de la glande pancréatique qu’il s’agit ensuite de purifier afin d’en récupérer les seules cellules endocrines, réduisant ainsi le pancréas à une forme liquide prête à être réinjectée chez le patient.

Etape 3 : la greffe des îlots de Langerhans ou la promesse d’un nouveau départ.

48h plus tard, le 18 novembre, l’équipe lilloise et les îlots sont de retour à Rennes pour procéder à la greffe, étape ultime de cette procédure d’exception. On parle ici d’autogreffe car les îlots transplantés proviennent du propre pancréas de la personne. Ce type d’intervention présente un avantage considérable puisqu’elle écarte le risque de rejet et rend inutile toute prescription d’immunosuppresseurs. Pour réaliser l’injection des îlots, le Pr Sulpice utilise le cathéter introduit à l’étape 1, évitant ainsi la réalisation d'une nouvelle anesthésie suivie d’une incision de la paroi abdominale (mini laparotomie) ou d’un geste de ponction porte par voie transcutanée. La greffe d’îlots de Langerhans offre des résultats durables, avec des greffons fonctionnels jusqu’à dix ans après l’intervention. Désormais prise en charge par l’Assurance maladie, cette procédure pourrait conduire le CHU de Rennes à réaliser de cinq à dix interventions par an à moyen terme.

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