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Actualités 17/01/2008

La psychiatrie en proie aux problématiques actuelles de santé publique



[HOSPIMEDIA] La Direction de la recherche, de l’évaluation, des études et des statistiques (DREES) vient de mettre en ligne un ouvrage collectif sur la prise en charge de la santé mentale en France. Les différentes études permettent de souligner les évolutions de ces quinze dernières années. Secteur en voie d’évolution, la psychiatrie reste affectée en première ligne par les problématiques qui touchent les spécialités médicales, notamment le déséquilibre entre l’hospitalisation et l’ambulatoire et le vieillissement de la profession. Un état des lieux en demi-teinte pour un secteur dont la demande ne cesse de s’accroître.

Les études statistiques sur la santé mentale disponibles en France restent nombreuses mais dispersées. La Direction de la recherche, de l'évaluation, des études et des statistiques (DREES) a donc décidé de les rassembler au sein d'un ouvrage collectif intitulé "la prise en charge de la santé mentale". Portrait de la santé mentale en France, ce recueil aborde successivement les structures, les professionnels et les patients pris en charge par le système de soins. En outre, il souligne que la psychiatrie, autant, voire plus que les autres spécialités, est touchée par les problématiques de démographie médicale ou d'organisation de la prise en charge.

Déséquilibre entre l'hospitalisation et l'ambulatoire

Dans la préface de l'ouvrage, Gérard Massé, responsable de la Mission nationale d'appui en santé mentale (MNASM) explique que les dernières évolutions du secteur de la psychiatrie ont conduit à accentuer le déséquilibre entre l'hospitalisation et l'ambulatoire. En effet, l'hospitalisation reste concentrée dans les centres hospitaliers spécialisés et mobilise les trois quarts des ressources, alors que celles de l'ambulatoire demeurent insuffisantes. De plus, fondée sur une sectorisation géographique, la prise en charge publique en santé mentale est marquée par des disparités. En 2003, 817 secteurs de psychiatrie générale étaient mis en place, soit en moyenne un secteur pour 59 000 habitants âgés de 16 ans et plus. Gérard Massé ajoute que la logique d'un Schéma régional d'organisation sanitaire (SROS) unique et des territoires de santé "fait converger la planification vers un projet médical unifié de territoire"ce qui accentue le décalage avec le "territoire sectoriel".

Par ailleurs dans la quasi totalité des secteurs (97%) le suivi en ambulatoire d'un patient hospitalisé par un médecin référent se fait dans les secteurs rattachés à des CH, explique l'étude de Magali Coldefy, chargée d'études à la DREES.

Diminution sensible du nombre de psychiatres d'ici 2025

Alors que les troubles mentaux constituent la deuxième catégorie diagnostique et représentent 10,6% du montant des dépenses de santé en 2005, le secteur de la psychiatrie est d'ores et déjà marqué par le vieillissement constant de la profession et des difficultés pour pourvoir des postes vacants au sein des hôpitaux. Avec 13 600 psychiatres en France métropolitaine, cette spécialité médicale reste celle qui enregistre le plus de professionnels, 13% des spécialistes, explique l'étude sur les psychiatres. Néanmoins, le vieillissement de la population et la baisse du numerus clausus se traduisent par une baisse conséquente du nombre d'actifs. Avec ces paramètres, à l'horizon 2025, la France ne devrait compter que 8800 psychiatres. La baisse attendue des effectifs pour cette spécialité devrait atteindre les 36% entre 2002 et 2025.

Forte concentration à l'hôpital public et féminisation

L'étude intitulée "la démographie des psychiatres : état des lieux" indique que 47% des psychiatres actifs exercent leur activité principale en cabinet libéral, 41% à l'hôpital public, 5% dans les établissements privés participant au service public hospitalier (PSPH) et à peine 1% dans les cliniques privés. En 2005, parmi les psychiatres du répertoire Adéli ayant une activité libérale, plus de 40% ont déclaré avoir une activité salariale en parallèle. 49% d'entre eux exercent donc en tant que salariés de l'hôpital public contre 5% pour le secteur privé.

La profession est également marquée par la féminisation. Entre 1990 et 2005, la proportion de femmes chez les psychiatres est passée de 35,4% à 43,2%, un des pourcentages les plus élevés pour les spécialités. A l'issue des épreuves nationales classantes (ENC), 67,3% des étudiants affectés à une discipline de psychiatrie sont des femmes, contre 58,6% pour l'ensemble des spécialités.

Malgré les difficultés rencontrées par la profession, Gérard Massé n'hésite pas à rappeler les effets bénéfiques qu'a pu avoir la politique de sectorisation, notamment au niveau de l'offre de soins. Malgré tout, il rappelle que le rang actuel de l'hôpital dans ce secteur, le place au premier plan des préoccupations.

Géraldine Tribault

HOSPIMEDIA - Le 03.01.08 - www.hospimedia.fr

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